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On aurait dit "le sud" en 2005, on aurait crû "un cabaret" en 2006. Lieu de tous les possibles, carrefour de tous les métissages, la Porte-Basse s'est faite nombril du monde cet été comme chacun des huit derniers premiers week-end d'août. On y avait convoqué, sur la plus belle scène du monde, ce qui se fait de plus chic.


Mardi 1er août
Punch et sangria, accueillent, à l'oeil, Chambertois de toujours ou de deux heures. On devise de la dernière et de la prochaine édition, dans le bruissement des ultimes préparatifs de Oh Yeah ! sobrement sous-titrée "pièce de théâtre contemporain tout public" par la compagnie Tournesol Développement. L'apéro fait son effet, la pièce fait le reste, à vingt-deux heures les effluves de carri de poulet guident la centaine de spectateurs conquis jusqu'aux marmites de la Porte-Basse. Projections et danses ponctuent ce mardi en forme de savoureuse mise en bouche. S'y esquissent déjà les mariages des lendemains, le créateur (Mathieu) et sa créature (Rozenn, Bretonne à ne pas pouvoir le cacher) étant parmi les plus convoités.

Mercredi 2 août
Echelonnés comme les couchers, les réveils rythment le théatre de verdure d'une pulsation qui s'accélère. Le déjeuner du midi assume une parenté troublante avec le diner de la veille, il en sera ainsi chaque jour, selon un principe d'économie que nous n'avons jamais si bien appliqué. Une autre horloge s'impose, biologique, végétale, un cadran de mousse, des aiguilles en bois. Les enfants, crasseux-c'en-est-un-bonheur, suivent Francis Cuny dans le ventre de la forêt. Deux groupes y construisent successivement, à leur libre inspiration des cabanes aux antipodes: ici un dôme de fougère léger comme une aile de papillon, là un fier galion à la coque hérissée de troncs-canons ne tirant qu'en l'air pour dégommer les nuages et pleurer des fausse larmes en pluie. Les groupes arrivent, souvent dans des camionnettes blanches, on les regarde, on se le dit avec émotion, et bientôt ils sont fondus dans le paysage dont ils font monts et merveilles.
La bossa-nova d'Arnaud et Alex fait danser les volutes épicées de l'osso-bucco. La balade poétique noyée par une averse accouche d'un cabaret improvisé dans la grange qui se découvre une vocation de chapiteau. Elle se gausse de son petit frère dont les baches plastiques tenteront plus tard d'accueillir avec autant de ferveur les percus de la batucada Muleketu.
Britt et Pernilla : sur les planches de chataigners, ou dans le foin, la politique de la chaise longue, jamais vide, laisse sans voix mais pas sans voie. L'issue de la dérive ubuesque du duo Britt-Pernilla, pétrifiée par le casse-tête chinois d'une chaise longue ? Le décollage vers l'hystérie d'un biplan guetté par la panne. Plus dure sera la chute. On rit du ventre, contenu, on se pousse du genou, on lit et relit cette aventure épique campée par deux belles natures, tout en masques. Le retour, incarné, de Buster Keaton déjà vu sur pellicule à la Porte-Basse.

Jeudi 3 août
L'après-midi mèle épluchures et copaux de voix. On y concocte les saveurs du soir, on y broie du noir et retrouve des couleurs dans les ateliers d'improvisation, où se mèlent premier venu, tout venant, produit de conservatoire, produit sans conservateur. La 3e main, curieuse brigade foraine, orchestre en musique et russe dans le texte un borsch (soupe de betterave et viande). Hier c'était Rio, aujourd'hui Moscou, mais où est-on ? Lou Casa ne donne guère d'éléments de réponse. Habité, le grand Jean-Marc, emprunte à Brel et Ian Curtis, aux Têtes Raides et à mon grand-père, mais il le leur rend bien et s'ils étaient encore là, c'est peut-être eux qui lui emprunterait de son pouvoir thermique, cette incroyable capacité à faire du chaud et du froid à sa convenance, le chaud l'emportant in-fine.

Vendredi 4 août
Ah... petit-déjeuner, un temps que ne connaissent que ceux qui "en ont", des petits constructeurs de cabanes. Car les autres sont en train de ronfler leur saoul ou de construire... des petits constructeurs de cabanes, le dos collé, moite, à la double-tente qui enfle et désenfle comme un ventre de parturiante. Dommage, car la 3e main signe un thé du feu de dieu qui met debout les morts. On mange -selon un rituel maintenant connu- ce que l'on a laissé la veille, rien ne se perd, tout se transforme et c'est encore meilleur réchauffé, comme l'amour.
La "chanson troublée" (A La Campagne se fait une fierté de ces qualificatifs à coucher dehors) d'Eloïse, flanquée d'un grand escogriffe, ci-devant vue et approuvée au festival ami Poste-Restante (Langlade) introduit quelques impromptus de la 3e main (la Croqueuse, le Jongleur de sons, Mamzelle Bonjour), sous réserve que ma mémoire épouse scrupuleusement le fil conducteur (non-respecté par essence) que j'ai sous les yeux à l'heure où je mets sous presse. Disons que si les choses n'étaient pas dans cet ordre, il n'y aura pas, non plus, matière à m'en faire grief, sachant que, comme pour le transit, on ne se soucie que peu de ce qu'il advient de ce que nous mangeons. On mange donc, peut-être des joues de porc, je me souviens en avoir goûté à un moment ou un autre, et l'on se nourrit aussi de batucada, de films de potes (ailleurs appelés "faits à la maison"). Coco Guimbaud distille, alors que gorges et oreilles sont sucrées, sa chanson salée qui passe nonobstant très bien.
Nushka : une échelle des pompiers en pleine débandade fait entrer Mika, colosse-porteur, Sofia, oiseau haut-bas-fragile et Antek le jongleur en lévitation. Bue l'an dernier en deux dimensions, cette liqueur douce-amère fige pour l'éternité l'empreinte de craie de ces corps beaux. Coups de becs de Nushka nous a déchiré l'échine pour toujours. Un des moments de grâce de notre petite histoire. L'oreille et le coeur bien dilatés sont à même de recevoir la "sale musette" (tout un programme, respecté au-delà) des Ongles Noirs. On ne dit ici qu'un mot des DJ qui couchent les ultimes snipers: merci de baisser.

Samedi 5 août
On approche dangereusement de l'épilogue. Et ce que l'aventure a soudé, comme bonnes âmes et bons pains, il va falloir le découdre, rendre chacun à ses pénates, décoller les chairs. Un thé chaud peut faire office, comme pour le papier-peint. Mais on n'en est pas là. Est-ce un matin, l'heure du goûter ? Voilà-t-y pas que voilà Don Pasta, figure tutéllaire, ange noir, chimiste sonore fou qui vient présenter son dernier panama, sa moustache ciselée et tout ce qu'il y a dessous: le goût de la tomate comme fond de sauce et une touche de Coltrane. Saisissante démonstration in-vivo que l'on peut faire un spectacle, un art et peut-être une profession (de foi) de tout ce que l'on aime en y mettant de l'huile de coude. C'est le Food Sound System, nommons la chose (elle se fait même en livre), et considérons que cette entrée ferait un plat très convenable même pour les gros apétits. Le cabaret écarte les esprits chafouins d'un questionnement sur l'origine, le sens et l'ampleur des choses: dans cette formule magique chacun est condamné à se respecter. Comme en période électorale, le temps de parole y est scrupuleusement compté et des alliances se font jour. Ainsi, bel exemple pour la jeunesse, des Ongles Noirs copinant, à y laisser leurs chemises, avec la tentatrice Batucada et ses sirènes, toutes gorges déployées. Le respect des horaires est tel que Don Pasta, relooké DJ, prend possession des platines à 3 heures à peine, un exploit jamais réalisé.

Dimanche 6 août
Là on fait moins le mariole. Le réveil à 11 heures, pour la balade des cabanes est un exploit comparable au saut en longueur record de Bob Beamon. Mais Bob Beamon avait deux jambes. Dommage pour les absents, mais les week-ends hivernaux seront nombreux pour voir, mangé par le lierre et parfumé aux champignons, ce que l'on a raté ce matin là. Une balançoire sans corde, des maisons sans murs, des enfants si modestes et si fiers, bref. C'est l'heure du méchoui, depuis quelques heures pour ceux qui ont eu la chance de voir le soleil monter en même temps que s'élever le bûcher. Et puis, bientôt la nuit va venir et on fera ripaille des restes, et au troisième lendemain on en sera encore à recuire les restes des restes des restes.
Et l'année prochaine, on remettra ça. Autrement.
 

PROGRAMMATION

Tous les spectacles ont lieu sur le site de la Porte Basse (sous le chapiteau, dans la grange ou en plein air), à l’exception de l’apéritif et de la pièce de théâtre du mardi soir qui ont lieu à la salle des fêtes.

Mardi 1 août
Après-midi :
- Atelier de construction de cabanes improbables (pour enfants) avec Francis Cuny

A la salle des fêtes de Chamberet :
19h00 -ouverture du festival avec un apéro offert
20h00 -"Oh Yeah !" pièce de théâtre comtemporain tout public par la Cie Tournesol Développement
A la Porte Basse :
22h00 - repas : Carri de poulet
Projections et dj’s ...

Mercredi 2 août
Après-midi (15h-18h) : stages*
19h00
- Arnaud & Alex (swing bossa nova)
20h00 - repas : osso bucco
22h00 - balade poétique nocturne guidée par la batucada Muleketu (fanfare brésilienne) et ponctuée de petits spectacles
Lampes de poche à prévoir
Projections et dj’s ...

Jeudi 3 août
Après-midi (15h-18h) : stages*
19h30 - repas russe orchestré par la 3ème main
22h00 - Lou Casa, (chansons, musiques brûlantes et création de chansons live)
Projection "films de potes" présentés par la 3ème main.

Avec chaque soir un repas a déguster dans une ambiance conviviale !
Réservation des repas : 06 84 55 72 89

Tarifs :
pass semaine 24€/20€
pass WE 18€/16€,
entrée mardi 2€, mercredi 2€, jeudi 4€, vendredi 8€/6€, samedi 10€/8€, dimanche 2€,
repas du soir 8€
 



Vendredi 4 août

10h - Petit déjeuner préparé par la 3ème Main
Après-midi (15h-18h)
 : stages*
19h00 - Eloïse (chanson troublée) en partenariat avec l'excellent festival de Langlade (www.poste.restante.org)
et "Impromptus" de la 3ème main (curieuse brigade foraine)
20h00 - repas italien
22h00 - batucada Muleketu
22h30 - Projection "films de potes" par la 3ème main
23h30
: En simultané :
Dans la grange :
          Coco Guimbaud (chanson française
          néo-réaliste)
Sous le chapiteau :
          Les Ongles Noirs (Chanson et sale           musette)
"films de potes" (suite) par la 3ème main
Dj Camille

Samedi 5 août
10h - Petit déjeuner préparé par la 3ème main
Après-midi :
Bar à thé par la 3ème main
19h00
- Food sound system par Don Pasta (Italie) et impromptus de la 3ème main
20h00 - repas italien
22h00 - Soirée Cabaret :
succession de concerts (Eloïse, Arnaud et Alex, Lou Casa, Coco Guimbaud, Muleketu, Ongles Noirs) impromptus de la 3ème main, cirque Nushka
Projections par la 3ème main et dj Don Pasta

Dimanche 6 août
10h - Petit déjeuner préparé par la 3ème main
11h00
- balade des cabanes (emmenée par les                enfants et Francis Cuny)
13h00 - avec les jeunes agriculteurs du canton de Treignac
15h00 - Arnaud & Alex (swing bossa nova) et goûter radiophonique dans l’herbe


* Les stages des après-midi (mardi, mercredi, jeudi et vendredi après-midi):
- stages de théâtre (initiation à l’improvisation)   avec la Cie Tournesol Développement,
- atelier de construction de cabanes (pour   enfants) avec Francis Cuny

Toute la semaine
:
Cie La 4° nature - Performances artistiques culinaire

Hébergement :
- Camping joyeux libre et sommaire sur le site
- camping de Chamberet (05 55 98 30 12)
- A l'Hôtel de France de Chamberet
(05 55 98 30 14)
- en roulotte à Chamberet (03 86 21 09 90)
- en châlet (04 73 19 11 11)
- en gîte au village des Roches de scoeux à Chamberet (05 55 98 30 09)